Le sujet du genre devient vraiment un grand n’importe quoi.
D’un côté, certains croient nécessaire la déconstruction
des genres parce que ce serait le seul moyen de mettre fin aux discriminations
liées à l’identité sexuelle et à la « dictature du male hétéro» sur
les femmes et les LBGT.
D’un autre côté, certains qui s’arc-boutent en réaction et
veulent préserver les stéréotypes de genre quitte à sortir des slogans je ne me
sens pas capable d’entonner tant ils sont caricaturaux.
Alors quoi ?
Ne peut-on simplement admettre qu’il faut en effet lutter
contre les discriminations basées sur le sexe ou la sexualité mais que dans le
même temps cette lutte ne doit pas amener à l’identité mais à l’égalité.
Je parlerai bien aussi du concept de complémentarité mais c’est
plus compliqué… Bon j’en parle.
Si la complémentarité revient à cantonner madame au foyer
parce que la mère est indispensable à l‘éducation des enfants, je comprends qu’elle
énerve beaucoup de femmes.
Si par contre elle consiste à un partage des responsabilités
et des taches quotidiennes et éducatives ou chacun s’investit selon ses compétences
et ses envies acceptées d’un commun accord, c’est une belle idée.
Alors on me dira que dans les faits, c’est encore et
toujours la femme qui se coltine les doubles journées, les salaires moins
élevés et les carrières ralenties.
C’est vrai et c’est pour ça qu’il faut lutter contre les
discriminations liées au sexe et cela dès le plus jeune âge.
Chez moi, le bricolage, le jardinage, les tournées de
machines, c’est l’affaire de tous et toutes et franchement personne ne doute de
son identité sexuelle pour autant.
Mes garçons et mes filles ont joués indifféremment aux légos,
playmobils, poupées, vélos, élevage de bestioles diverses (têtards, phasmes)
parce qu’ils jouaient ensembles.
Plus tard, tout le monde s’est retrouvé autour des mêmes
jeux sur ordinateur.
En ce qui concerne l’éducation sexuelle, le discours est le
même pour tous : « respect de soi et de l’autre, responsabilité de
ses actes ».
Pourtant nous n’avons pas élevés nos enfants de façon identique mais ces différences n’étaient
pas dues à leur sexe mais à leur caractère et leur sensibilité propre.
Chez nous les filles ne sont pas infirmières et nos garçons
ingénieurs, il y a le geek, l’artiste,
la financière, et deux autres qui n’ont pas encore fait leur choix.
Je pense que mon mari et moi à notre niveau avons lutté
contre les stéréotypes de genre.
Alors me direz-vous pourquoi es-tu femme au foyer ? C’est
le comble de la soumission au dictat patriarcal non ? Tu es victime des
stéréotypes de genre sans même t’en rendre compte non ?
D’abord, je n’ai pas toujours été femme au foyer, j’ai même
eu une belle carrière durant laquelle je gagnais plus que mon mari. Horreur :). J’ai par la suite
alterné périodes de travail, bénévolat, recherche et écriture. Bref j’ai toujours eu une activité qui avait
un sens au moment où je la faisais et en parallèle j’ai été mère.
La femme au foyer est aussi un stéréotype contre lequel il faut lutter car il induit que toute femme sans activité professionnelle
est une mémère popote soumise au père et même à ses enfants.
De même un père qui arrête de travailler pour élever ses
enfants est un faux mec (conneries)
Pour en revenir au débat sur le genre et pour apaiser un peu
les esprits.
Quand mes enfants étaient
petits, ils lisaient à l’école un très
beau livre « le premier livre de toutes nos couleurs ». Je pense que
ce livre, mais aussi les discussions que nous avons eues à la maison à ce sujet,
les ont aidées à réfléchir sur le respect de la différence et sur les
discriminations raciales.
Pour autant, nul n’a jamais prétendu que pour régler le problème
du racisme, il fallait que nous devenions tous des ni blancs ni noirs ni jaunes
etc. et la lecture de ce livre n’a pas transformé mes enfants en
blancnoirjaune. Par contre ils ont appris à regarder au-delà des différences de
couleurs et à voir en tout être humain un homme. Je dirais même un frère.
Aujourd’hui, « papa porte une robe » et autres
supports peuvent permettre à nos enfants de réfléchir sur le sujet des
discriminations basées sur le sexe ou la sexualité avec leurs enseignants mais
aussi à la maison avec leurs parents et cela ne veut pas dire pour autant qu’ils
vont devenir LGB ou T par contre ils auront
la capacité de voir au-delà de ces différences.
La crainte de beaucoup est que cela mettre tous les
comportements sexuels à égalité, que la famille traditionnelle soit mise au
même niveau que les familles de couples de même sexe par exemple.
Je vous livre un scoop : c’est déjà fait.
Reste à témoigner au quotidien par une vie de famille
aimante, unie et ouverte aux autres que
notre choix de vie est une option qui peut être la bonne.
Enfin certains me diront : « Ce n’est pas le rôle
de l’école qui est là pour instruire et non pour éduquer et un discours
contradictoire entre parents et enseignants est une mauvaise chose ». J’entends,
mais personnellement, je ne pense pas qu’un discours contre les discriminations
puisse être contraire au mien et je reconnais à l’école aussi la transmission
de valeurs communes au-delà des communautés.
Au pire et je n’y crois
pas, un hurluberlu échappé du « complot liibertaire bla bla bla »
pourrait expliquer à nos enfants qu’ils sont tous identiques. Franchement, quel
enfant le croirait. L’échec des expériences en Norvège démontre que sur le sujet, les hurluberlus se font recadrer par la réalité.
Continuons à étudier calmement le genre pour déterminer la part de l'inné et celle de la culture dans nos comportements et n'oublions pas au passage d'étudier aussi la part du consumérisme qui peu à peu remplace la culture et induit une vision dégradante de la femme par la pub, les clips vidéo et la pornographie.
C'est à mon avis bien plus dangereux que le « gender ».